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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 23:25

Au pied du Kilimandjaro un désert. Une étendue de terre craquelée, sèche, grise et rose à certaines heures, écrasée par un ciel sans nuages et un mont gigantesque, avec sa couronne de nuages aux heures de soleil, sans eau ni avenir.

Ce désert est si chaud qu'il dégage des danses de chaleur, de ces danses que l'on voit à quelques centaines de mètres, et qui ont tout d'un mirage, qui ressemblent à de l'eau.
Des girafes vivent là. Quelques zèbres aussi. On se demande comment. Quelle nourriture ils peuvent trouver. Quelle eau aussi. Et tous les jours ces animaux parcourent des kilomètres, en rond. Dans un sens. Puis dans l'autre. Et repartent, et reviennent. Ces girafes, belles et tristes, en réalité, cèdent aux mirages. Quand elles sont ici, elles voient, là-bas, de l'eau. Alors elles vont là-bas. Une fois arrivées nulle part, où la terre est sèche et se craquèle, elles voient, là-bas, de l'eau. Alors elles y croient, et vont là-bas. Pour arriver... nulle part, où la terre est sèche et se craquèle. Et caetera.

 

Leur chanson commence ainsi :

"Je suis une girafe au pied du Kilimandjaro."

 

 

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 13:34

Le soleil fait une grosse tache blanche sur le marbre. Deux petites filles sont assises à même le sol, sur cette tache précisément. Jambes tendues, bras écartés, dos rond, l'heure est à la paresse. Les yeux à demi clos, elles semblent rêvasser ou réfléchir doucement. Devant elles une baie vitrée est légèrement ouverte sur un jardin de petite taille, au gazon épais, très vert.

Dans leur dos, le salon, avec une table à manger en bois, des tapis orientaux, quelques toiles au mur, discrètes. Contre un des murs de crépi blanc, un piano en bois lui aussi, plutôt clair. Ses touches dansent sous les doigts de la mère des fillettes. Elle pense, un peu triste, en laissant ses mains jouer cet air qu'elles connaissent bien. C'est une valse de Chopin, la numéro 7. Un air délicat, à peine mélancolique.
Cette scène durera longtemps.

 

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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 11:56

Samedi. Météo radieuse. Août tire à sa fin.

Tant pis pour les bouchons. Tant pis pour la paresse.

C'est une exigence. C'est une urgence, une priorité - plus qu'une détermination, un déterminisme.
Ce sera celle au sable doux, une plage claire et toute horizontale, avec la pointe de Grave en face. A droite, au loin, des lieux restés purs, une forêt, des marais salants.
Allez, vite, la plage.

Le sel attend.

 

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 13:25

Bargalèbe est colère, vague de feu, percussions caverneuses. Bargalèbe est gifles géantes, elle crache des naseaux, ses griffes acérées fendent les nuages comme les toits. Quand sa rage atroce s'éveille, elle n'a besoin d'aucune arme - elle est une arme - son ire est dévastatrice - ses rugissements sont destructeurs - son regard est exterminateur. L'ange se fait hyène et gare à son humeur - elle est pleine de petits couteaux sous les doigts, de rasoirs au-dessus des paupières, de bombes sous la langue.

 

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 13:49

Je regarde cette photo et je souris.

Trois petits garçons, une couverture remontée jusqu'au menton, deux peluches, un papier peint des années 70, et des couleurs qui ont viré vers le jaune et le rouge.

Trois petits garçons qui ont l'air angélique, comme ça ! mais on sait les bêtises qu'ils ont faites, dans les années 70, et puis 80, et les jeunes hommes qu'ils sont devenus, surtout celui qui est à tout à droite, qui n'a plus son Pollux aujourd'hui, mais qui n'a rien perdu du brillant dans ses yeux, du coquin qu'il fut. Coquin qu'il est toujours, avec une autre tête, une autre voix, des poils sur la poitrine, oui, quelques rides autour des yeux, oui oui, et pas mal de sagesse, oui oui oui.

Trois petits garçons qui deviendront grands, qui l'eût cru, alors, de ces trois petits garçons accompagnés de leurs doudous, sous la couverture rouge, pas près de s'endormir, non.


 

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 12:58

De la couleur qui glisse, de la lumière transparente, un voile blanc onctueux sur un minuscule pinceau ; un ongle, un autre, jusqu'à dix.

De la couleur qui glisse, un rouge pur, intense, suave et scintillant posé, touche par touche, le tout petit orteil, un autre, jusqu'à cinq, et puis on recommence, dans la symétrie.

De la poudre argent, appliquée, lentement, avec une régularité soignée, un battement de coeur à gauche, un battement de coeur à droite, cligner des paupières, bleu, gris, blanc, dégradé iridescent accroché au regard.

Une liqueur - un semblant de courbe - fine, mais sombre, noire, comme une encre, écriture suggestive, suggérée, lettre muette qui passera par les yeux.

Une brume sous les cheveux, gouttelettes envoyées de jasmin, de melon, d'une eau végétale, un pointillé de fraîcheur.

Et sur les lèvres, du bout du doigt, un brin de brillance, sans vraiment de couleur, juste une matière, un relief et sa lumière.

Elle est prête. C'est le miroir qui l'a dit.

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 13:09

Une " camarade de théâtre " commence ainsi son intervention (j'adore) : assise parmi le public, elle gigote, chuchote, distrait ses voisins en bougonnant puis, décidée, monte un pied, puis l'autre, sur sa chaise, se lève et crie à la cantonade : "je - m'en- nuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie" !

Je trouve cela non seulement drôle - d'autant plus pour ouvrir un des dialogues des Conversations conjugales de D. Sallenave - mais en plus bouillonnant d'intérêt. Ce cri résonne en moi, depuis deux semaines que je l'ai entendu pour la première fois, l'ennui étant un thème qui me turlupine en ce moment.

Depuis plus longtemps que je ne voudrais l'avouer, même ?
A moins qu'il ne me turlupine, pas plus, pas moins, que tout un chacun puisque chacun connaîtrait, aurait connu, et connaîtra ce sentiment terrible.
L'ennui.
"Je - m'en - nuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !"

Chacun a connu, ai-je envie de préciser, car en général, ce sont les enfants qui s'ennuient.

- Ou peut-être les enfants qui disent qu'ils s'ennuient. Comme s'ils étaient seuls assez courageux pour le faire. Ou seuls assez lucides pour s'en rendre compte.

Ce cri poussé par Océane perchée sur sa chaise a un écho : c'est l'écho de l'enfance.


C'est ainsi que j'ai rebondi sur une coïncidence. Dans le cadre de mon travail, je suis tombée sur des textes sur et de Pierre Pachet. Sur ce bout de phrase en particulier : " dans l'ennui, il y a de l'excitation, il y a de l'intérêt, il y a de l'érotisme, il y a de la pensée." Plus loin, il dit : "Dans le mal il y a les fleurs", et pour le romancier - penseur - critique - traducteur, cet ennui est à soigner, non pas à fuir, mais à accepter. L'ennui est ce qui va permettre à qui le peut ou qui le veut, d'ouvrir la porte de son intériorité. La pensée, l'intime, la création, ne pourraient naître sans ennui. L'intériorité - la vie intérieure - c'est l'ennui.


Merci Monsieur Pachet. Je m'ennuie souvent en ce moment. C'est comme un vide mais maintenant que je vous lis je sais que c'est une quête. C'est un travail. C'est de là que sont nées plusieurs choses dans ma petite tête de linotte. C'est à partir de l'ennui comme point de départ que j'ai pris les quelques rares bonnes ou mauvaises décisions dans ma petite vie de nomade qui se cherche. C'est à travers et dans l'ennui profond qui flotte comme une brume épaisse sur le souvenir de mon enfance que j'ai lu tel ou tel livre que je me suis empressée d'oublier, que j'ai écrit tel ou tel passage d'un journal que je me suis dépêchée de renier, ou appris quelques mots, d'une langue ou d'une autre, que j'ai appris à les aimer, c'est grâce à cet ennui qui me poursuit et colle à ma peau, envahit mes agendas papier ou électronique que je ne suis peut-être pas complètement une machine à consommer ou à déblatérer, tapoter ou blablater, une crêpe, une larve, un baba. 

Juste un peu...

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 09:05

Raconter un rêve furieux, un rêve fumeux, qui n'en finit pas de se mordre la queue, sombre et violet, violent parfois. Comment se le remémorer, d'abord, dans sa structure fuyante, dans son désordre spongieux, sans retomber dans la spirale du flou, dans le flou de la spirale ?

Raconter un rêve cotonneux, chamalloweux, des gouttelettes d'eau tiède parmi les roches et les lianes, du désir, du soleil et son ombre, un amour toujours perdu, avec un regard tendre, des yeux noirs profonds et caressants, et la cascade, l'eau sur les jambes, dans le dos, le temps qui coule comme un caramel mou, le temps remonté aux sources de la rivière, l'enfance l'eau claire et la forêt rayonnante ?

Raconter ces images qui n'en sont pas, ces histoires qui n'en sont pas, les résumer n'est pas possible, seulement des sensations - des illusions de sensation pourtant si forte, si vraie. Calquer, étirer, cette temporalité, ce degré de vérité, dans la réalité, n'est pas pensable. Juste les sentir, par éclairs, entre le début et la fin d'une seconde de l'horloge, flash d'une vie rêvée, d'une approximation qui sonne juste...

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 09:05

J'essaie de comprendre. Faire le deuil de quelque chose, a fortiori de quelqu'un, c'est parvenir à dépasser, par la raison, par le temps, par la force de l'esprit, par l'exercice de la volonté, par l'ouverture hors de soi, de son univers, de sa douleur liée à une perte.

Et ce, dans un monde dénué de sens, de connexions, un monde sans pourquoi ni comment. Qui se tait.

Donc, faire un deuil, faire son deuil - et peut-être le pronom personnel d'usage implique-t-il quelque chose comme une solitude dans cette effort -, c'est accepter ce qu'on n'a pas de raison d'accepter. C'est accepter l'inacceptable. C'est comprendre l'incompréhensible, ou fermer les yeux sur cette incompréhension. C'est juste une tournure d'esprit, vers l'avant ? qui s'est d'abord résigné, puis résolu à ne plus souffrir. A laisser au temps le soin d'éroder la surface douloureuse, décider d'être ce rocher face aux vagues qui se cassent, et qui petit à petit, à se casser, le poliront.

C'est ce petit à petit qui compte, dans l'immensité absurde, cette patience horrible, accepter qu'il faudra, à un moment ou à un autre, être éclaboussé, boire la tasse, et laisser couler le rythme des marées, se soumettre aux mouvements de la lune et de l'écume. Et se tenir debout.

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 15:42

Toi

Je ne sais pas, ce que ça veut dire, l'amour. Ces grands mystères, où chacun a ses réponses, en cherche, en échange. On peut multiplier les points d'interrogation, surmultiplier les réponses, les configurations, les probabilités, les combinaisons, les temps. On peut se poser plein de questions ...

... ou choisir de ne jamais répondre. De n'accepter, justement, que les réponses.

Prendre les choses.

Tu ressembles à une réponse. Tu as la douceur d'une affirmation. D'un oui chuchoté, murmuré, dans le creux de l'oreille, dans le vent. Tu es là, et c'est bon. Comme avec l'eau.

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