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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 19:53
Le Prince de Laurent Gutman

Voilà un spectacle malin et drôle. Une mise en situation de la pédagogie politique de Machiavel, dans un centre de formation contemporain où un professeur misogyne qui se prend pour César Borgia, assisté d'une jeune femme énergique et bien dans son temps, dispensent à trois stagiaires l'enseignement du conseiller de Laurent de Médicis.

Les deux formateurs s'approprient des extraits du texte original, et l'intègrent à différentes mises en situation : tour à tour les stagiaires (une bourgeoise quarantenaire, un jeune homme timide en costard-cravate, et un métalleux barbu en jogging) portent la couronne et grimpent sur le trône - la banquette arrière d'une peugeot "coupée" (oui, vraiment coupée en deux). Pour les entraîner à exercer leurs talents (relatifs), le public endosse le rôle du peuple et permet de tester la crédibilité ou la popularité de chaque apprenti prince.

Le résultat met en lumière bien sûr l'actualité absolue du texte de Machiavel, mais aussi déchaîne les rires du public, car le jeu est vif, les comédiens brillants, et les gags ne manquent pas pour illustrer les erreurs des politiques, jusqu'au simulacre de viol d'une (fausse?) spectatrice par, a priori, le plus réservé des stagiaires - mais le goût du pouvoir semble leur monter à tous à la tête et favorise la montée des conflits, complots et autres paranoïas de la part des candidats à la couronne.

Le Prince, d'après Machiavel. Mise en scène et scénographie : Laurent Gutman.

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 10:26

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Baptême du butô pour moi ce jeudi au Théâtre des Quatre Saisons à Gradignan, avec le spectacle Médéa : lecture de et par Pascal Quignard, danse de Carlotta Ikeda, musique d'Alain Mahé.

Je lis du butô que c'est une "danse fantomatique" et cela m'étonne. Cela me paraît au contraire très incarné. A la limite de la danse et du théâtre, puisque l'histoire de Médée est jouée, avec une corporalité et un visage expressifs à l'extrême. Le tragique coupe le souffle.

En introduction, c'est une lecture de Pascal Quignard, une voix profonde, un peu rauque, un texte très beau où il nous conte son histoire de l'héroïne grecque. Qui tombe amoureuse de Jason, lui donne la Toison d'or, a deux fils de lui, avant qu'il ne la trahisse en épousant Créuse. S'ensuit la série de meurtres : Médée tue sa rivale puis ses deux fils, enfin le foetus du troisième enfant en se fouillant le ventre avec un sabre.

L'histoire est donc ensuite reprise - personnifiée - par la chorégraphe et danseuse japonaise. Sur un coin de la scène, le musicien à genoux compose en direct une musique assistée par ordinateur, s'aidant de cailloux qu'il frotte, caresse, griffe, jette. Le son est atroce par moments, des grésillements éclatent dans les enceintes, se superposant à des sons de nature, minéraux, et à une musique japonaise très belle.

Et Médée déambule, gesticule, au rythme de son destin tragique, de ses déchirements intérieurs, de sa douleur d'épouse et de mère. Dans des gestes lents et par éclairs violents, et précis, les traits tendus, maîtrisant royalement crispation, tremblements, tenant le regard dans l'écrasement du tragique.

On n'en sort pas indemne.

 

Tournée de la compagnie Ariadone. Médéa

Carlotta Ikeda : chorégraphie et interprétation / Pascal Quignard : texte / Alain Mahé : musique / Stéphane Vérité : conseiller artistique / Laurent Rieuf : régie générale / Eric Blosse : création lumières.

A partir du livre de Pascal Quignard, Medea, Editions Ritournelles.

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 18:11

 

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Andromake est norvégienne. Non, vietnamienne. Non, troyenne. Enfin ici, elle est une série de réécritures (de Virgile à Racine, à Jon Fosse, au metteur en scène Jean-Marie Lejude) qui, loin de complexifier l'histoire de ce quatuor amoureux/tragique, la restitue dans toute sa simplicité, finalement, et sa modernité.

Une originalité de cette pièce, jouée ce janvier au Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan, est que la moitié des acteurs sont français, la moitié vietnamiens. Ils se donnent la réplique chacun dans sa langue.

La scénographie est somme toute assez simple, un carrelage noir et blanc au premier plan, tel un échiquier où avancent personnages et intentions, et au second une sorte d'antichambre où les sons et les images sont restituées par la promiscuité relative et par une caméra et un écran vidéo qui ressemble à une fenêtre ou un judas.

La tragédie est remarquablement servie par un jeu sobre. Pas de cris, pas de grands gestes, une sorte de pudeur et d'économie de mouvements qui rassemble et transmet au mieux les émotions.

Là nous sommes au coeur des grands dilemnes où seule la mort peut résoudre les dualités, et ce tragique nous est restitué dans sa plus grande crédibilité et son universalité.

Une très belle pièce ( créée à Hanoi en 2011, dans le cadre de la coopération culturelle entre les gouvernements vietnamiens et français).


Une coproduction Le Théâtre National du Vietnam, Le Centre Culturel Français de Hanoï, Ambassade de France, Le Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi.

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 22:11

Capture-1.jpg

 

Quartett, la pièce d'Heiner Müller, est actuellement jouée au Glob Théâtre à Bordeaux.

Ce texte prolonge ou réinvente Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos, dans un long échange entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. Nous est alors donnée à voir une "lutte amoureuse, érotique et verbale, vers la jouissance des mots qui simule celle des corps. Les deux anciens amants se retrouvent pour interpréter un jeu de masques troublant et venimeux, pour mieux démonter les rouages de la raison, de la morale, et de l'identité.".

Jean-Luc Ollivier (compagnie Le Glob) signe une mise en scène originale et intimiste, où la scène, petite, s'inscrit au milieu de deux rangées de bancs - et entre deux écrans géants qui viennent fermer l'espace. Les deux comédiens sont ainsi très proches du public, et se détachent en permanence sur des images vidéo - essentiellement les caresses en gros plan et au ralenti que se porte une jeune femme peu vêtue en noir et blanc. Si je n'ai pas vraiment saisi l'utilité d'insister ainsi sur une sensualité déjà présente dans le texte et dans le jeu, je reconnais beaucoup plus la pertinence de la projection, dans les premières et les dernières minutes, du texte lui-même, qui vient habiller/déshabiller l'actrice de mots en lumière.

Il faut saluer le jeu d'acteurs, notamment celui de Beatriz Gallizo, très expressive, toujours très incarnée, dans la variété des rôles que son personnage même endosse les uns après les autres. Car si Quartett est un dialogue à deux, celui-ci se dédouble à plusieurs niveaux par une mise en abîme quasi incessante du jeu de comédien.

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 08:29

Ils sont jeunes et bourrés de talents.

Après le lycée (mais c'était il y a si peu, ils n'ont pas vingt ans!), la troupe théâtre du Lycée des Graves à Gradignan, ne souhaitant pas se séparer, s'est montée en association, suivie par la metteur en scène.

Ce sont les Gravissimes, qu'on a pu découvrir pendant les Pompignactes, le samedi après-midi.

Epatants ils furent, dans cette pièce d'Hanokh Levin, Funérailles d'hiver.

 

Au début, l'échec d'un fils, l'amertume d'une mère et sa maladie puis très vite, sa mort. Pas très gai tout ça.

Les funérailles doivent suivre, dès le lendemain. Mais voilà que les proches – la cousine, le cousin, unique famille de l'orphelin – ont d'autres projets pour cette journée à venir, et pas des moindres : ils marient leur fille ! Et pas question que cet événement tant attendu – à l'âge de 5 ans la cousine savait qu'elle était née pour marier sa fille ! – soit télescopé par un décès incongru.

 

Le rythme s'accélère, le comique de caractère surenchérit sur le comique de situation, l'absurde gagne du terrain et on est transporté jusque dans le fantastique via les sommets de l'Himalaya.

Au service d'un texte intelligent et drôle, le jeu d'acteurs qui se donnent à fond, individuellement ou quand, tous ensemble tous ensemble, ils se déplacent, s'émeuvent, se chamaillent...

 

Bref, des talents qui émergent et qu'on a envie de suivre de près. A quand la prochaine pièce ?

 

 

gravissimies.jpg

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 15:19

C'est un texte sublime de Laurent Gaudé mis en scène par la Compagnie La nouvelle Eloïse de manière non moins sublime.

C'est une claque qu'on se prend avec bonheur, un voyage dionysiaque à travers les pays et les peuples anciens de la méditerranée, où tout est mi-humain, mi-divin, mi-animal. Certes, cela fait trois moitiés, mais on ne s'étonne de rien à l'écoute de ce conte d'Onysos arrivé sur un quai de métro new-yorkais après avoir ressucité à l'égorgement et le démembrement, incendié Babylone et sodomisé Penthée, aidé dans sa hargne par des armées de femmes en délire incapables de résister à son magnétisme orgiaque.

C'est un art total que nous livre ce spectacle - où le comédien, Giovanni Vitello, qui a lui-même quelque chose de plus qu'humain, est soutenu par des guitares électriques, des mineures orientales, des jeux d'ombres chinoises, une atmosphère que l'on sent jusque dans sa gorge quand volent poussières et papiers...

C'est une prouesse de jeu, une leçon de théâtre, de littérature, de mise en scène, dont on voudrait ne rien manquer, attentif à l'extrême, et littéralement enthousiasmé.

 

 


Onysos.jpg

 

 

 

 

Onysos le furieux, de Laurent Gaudé, actuellement et jusqu'au 2 avril à la Boîte à Jouer à Bordeaux. Compagnie La Nouvelle Eloïse. Mise en scène de Bruno Ladet, avec Giovanni Vitello et, au son et à la lumière, Thomas Merland.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 19:56

C'est intime et universel à la fois. Tout un monde à taille enfantine, on pourrait dire.

La voyageuse fait une pause, sa valise est encore ouverte. Dans l'ombre de sa petite lampe, un musicien envoie des notes en toute discrétion, contrebasse, saxophone, flûte traversière.

Et elle raconte. Un personnage dans un autre dans un autre, une histoire dans un souvenir dans une légende, poupées russes qui s'ouvrent en douceur, déclinant et embrassant la rencontre entre Dang et la Vieille. Un chapeau, une coiffe, serviraient de repère indispensable si on n'avait pas, de manière si frappante, plusieurs personnages bien distincts en une. "Tu fais comment pour changer de voix, Madame ? tu appuies sur un bouton ?" a demandé un petit spectateur épaté, à la fin.

Grâce à ce bouton ce sont des contes du Viet Nam qu'on entend, de vrais beaux contes poétiques et pleins de magie... quand elle éteint la lumière, à la fin, on a presque envie d'avoir un bisou de "bonne nuit"...

 

 

 

 


Affiche

 

 

"Dang et La Vieiile", de et avec Marie Pustetto (Théâtre du Petit Rien), à partir de 6 ans.

Actuellement en tournée en Gironde (infos : theatredupetitrien@club-internet.fr)

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 13:32

Question de Fred : Avez-vous des projets pour l'avenir ?

Réponse de Gad El Maleh : Pour l'avenir, je sais pas, mais pour moi, oui, j'ai des projets !

 

 

Ca y est, la pièce multiforme, multiauteurs, multicomédiens, a été jouée, 4 fois, ils ont réussi, ils ont été très bons, très bons !

Je suis surprise d'abord par la qualité des textes. Il n'y a pas eu de réécriture et ça, c'est impressionnant, vu l'hétérogénéité des auteurs, leur amateurisme.

Ensuite par l'homogénéité du tout. Ca, c'est Brigitte. Faire de centaines de sources, d'opinions, de "je", une cohérence bouillonante, qui tient debout et fait sens, fait choeur, c'est le défi qu'elle a relevé avec brio.
François, ensuite, la mise en scène. Et les comédiens, et les musiciens : de ce foisonnement tragique qui se cache derrière les rideaux, les paupières, les lignes, ils ont fait une fantaisie intelligente et pleine de vie, bourrée d'humanité, de rythme et en chansons, s'il vous plaît, jusqu'au reggae boudouïen, car on n'est jamais au bout de ses surprises, avec ce Dominique-là.

 

Bref, j'arrive trop tard pour vous dire d'y aller voir, mais tenez-vous branché, sur paradis bancal notamment où l'on verra des vidéos, et où l'on trouve des traces de ces heures et ces heures, depuis la roulotte d'Esperanza aux bassins à flot, jusqu'à la maison cantonale de la Bastide, en passant par une douce maison de Bacalanie, ces heures innombrables et fructueuses qui ont fait l'amont de ces instants enthousiasmants.

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 18:37

- J'ai vu ce film, extra, hier soir, La Famille Suricate, un documentaire en fait, sur les suricate.

- Les suricate ? qu'est-ce que c'est ?

- Des souris qui ressemblent à des chats ?

- Non non, des petits animaux très vifs, qui se tiennent sur leurs deux pattes arrière, trop mignons, qui vivent dans la savane en Afrique australe. Il y en a au zoo de La Palmyre.

- Mais oui, des chiens de prairie, on les appelle aussi.

- Dis donc, t'en sais des choses toi.

- Ah bon ? je ne les ai pas vus, pourtant j'y suis allé, au zoo de La Palmyre. Ce qui m'a marqué d'ailleurs ce sont les kangourous.

- Les kangourous ? au zoo de La Palmyre ? mais non !

- Ah si, si, je les ai vus, c'est impressionant d'ailleurs.

- Moi  j'y suis allé il y a deux ans.
- Mais moi aussi !!!!

- D'ailleurs c'est bien, là-bas, je dois trouver une location.
- Tu déménages ? Tu pars, ça y est ?

- Non, pour l'été.

- Et la méditerranée, ça te dit pas la méditerranée ?

- Ah non, l'Atlantique, surtout là-bas, c'est vraiment les plus belles plages.

- Ou alors, la méditerranée, mais pas en France !

- Et ma chienne, eh ben elle regardait le film sur les suricate elle aussi, elle était captivée, toute folle !

- Ta chienne qui ressemble à un lamantin ?

- Un quoi ?

- Un lamantin, ces trucs qui ressemblent à des phoques, ou à des otaries.

- Ah peut-être, à un cochon aussi, on me dit, à cause de sa truffe et qu'elle renifle pareil. Mais pour le flair, c'est une autre histoire. Et puis elle aime pas l'eau.

- Elle a dû se demander, c'est quoi cette race de chiens ? ils me ressemblent pas.

- En plus ils crient comme des mouettes.

- Moi j'ai trouvé dingue, cet ours blanc, bargeot, qui monte et qui descend.

- Oh lui le pauvre, il a pété un cable en arrivant au zoo. Depuis, y fait que sauter sur ses pattes, plonger, remonter, plonger, remonter...

- Argh, il est pas terrible ce poisson.

- Heureusement les feuilles de vigne en entrée étaient bonnes.

- Enfin... c'est vendredi....

 

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 21:51

J'ai souvent entendu de la bouche d'une personne qui m'est proche : "mais enfin comment pourrait-on faire, des fois, je voudrais sortir ma tête et la poser sur la table quelques instants" - et je voyais l'image, sa tête dans sa main, sa tête sur la table, comme un film de Tarantino ou Kitano, comme un motard retire son casque et le dépose en arrivant quelque part.
Et durant toute la journée de samedi et dimanche, j'ai eu la chance de faire ce stage de théâtre : la construction du personnage. En rien basé sur du texte, des histoires, ni même sur rien de réel ou de plausible, au contraire. L'approche était de se vider du réel, du logique, du rationnel et de l'intellectuel, pour ressentir mais sur le mode d'une psychologie non psychologique, comment dire, d'une psychologie pure, directe, primaire, du ventre vers le monde, sans passer par la tête ou les mots du coeur.

D'où un point de départ animal.

D'où aussi une manipulation des comédiens stagiaires, qui ne savions jamais où nous mènerait chaque étape du cheminement, dont la première était de penser à un animal. Sans plus de consigne.

C'est ensuite le comportement de la créature choisie un peu au hasard (quoique ?) qui détermine la gestuelle, laquelle débouche sur un personnage humain ayant embarqué les caractéristiques de la bête comme celles d'une vie antérieure ou d'une matrice névrotique. De cet "ancêtre bestial", puiser les tics, les caractères, les défauts, les gestes, ce qui donne une épaisseur psychologique.

Accepter de se laisser embarquer, ne pas questionner, réfléchir ou penser cette évolution, ne pas chercher de narration mais laisser de son ventre arriver la matière. (SIC !!!)

Et là on se rend compte à quel point c'est difficile, de travailler sans le truchement de sa matière grise.

Du Ca ? Du Surmoi ? de sa pensée tout simplement ?

A notre secours, des exercices "débilisants", qui nous ramènent au réflexe, à l'immédiat : des automatismes, frapper dans ses mains, développer des répétitions simples...

Enfin, et pour répondre à Corinne, on voudrait bien pouvoir transposer au-delà des planches ! mais... il y a cette magie du théâtre... 

 


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