Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 10:26

PhotoLotMedea42-web-copie-1.jpg

 

Baptême du butô pour moi ce jeudi au Théâtre des Quatre Saisons à Gradignan, avec le spectacle Médéa : lecture de et par Pascal Quignard, danse de Carlotta Ikeda, musique d'Alain Mahé.

Je lis du butô que c'est une "danse fantomatique" et cela m'étonne. Cela me paraît au contraire très incarné. A la limite de la danse et du théâtre, puisque l'histoire de Médée est jouée, avec une corporalité et un visage expressifs à l'extrême. Le tragique coupe le souffle.

En introduction, c'est une lecture de Pascal Quignard, une voix profonde, un peu rauque, un texte très beau où il nous conte son histoire de l'héroïne grecque. Qui tombe amoureuse de Jason, lui donne la Toison d'or, a deux fils de lui, avant qu'il ne la trahisse en épousant Créuse. S'ensuit la série de meurtres : Médée tue sa rivale puis ses deux fils, enfin le foetus du troisième enfant en se fouillant le ventre avec un sabre.

L'histoire est donc ensuite reprise - personnifiée - par la chorégraphe et danseuse japonaise. Sur un coin de la scène, le musicien à genoux compose en direct une musique assistée par ordinateur, s'aidant de cailloux qu'il frotte, caresse, griffe, jette. Le son est atroce par moments, des grésillements éclatent dans les enceintes, se superposant à des sons de nature, minéraux, et à une musique japonaise très belle.

Et Médée déambule, gesticule, au rythme de son destin tragique, de ses déchirements intérieurs, de sa douleur d'épouse et de mère. Dans des gestes lents et par éclairs violents, et précis, les traits tendus, maîtrisant royalement crispation, tremblements, tenant le regard dans l'écrasement du tragique.

On n'en sort pas indemne.

 

Tournée de la compagnie Ariadone. Médéa

Carlotta Ikeda : chorégraphie et interprétation / Pascal Quignard : texte / Alain Mahé : musique / Stéphane Vérité : conseiller artistique / Laurent Rieuf : régie générale / Eric Blosse : création lumières.

A partir du livre de Pascal Quignard, Medea, Editions Ritournelles.

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Peut-être que Carlotta Ikeda, dans cette Médée sublime, s'est légèrement éloignée de son butoh d'origine... Peut-être que la ligne du texte - somptueux - de Quignard amène autre chose, de<br /> l'Histoire, de l'incarnation justement qui est habituellement absente du butoh... Peut-être seulement. J'ai été profondément touchée par ce que j'ai vu et entendu.
Répondre

Présentation

  • : Du mobilhome
  • : Une maison mobile pour des mots de moi, de vous, qui ferez trois p'tits tours et vous en irez, après avoir mis trois p'tits mots si vous en avez envie
  • Contact

S'inscrire à la newsletter pour être averti quand un nouveau post est posté !

Recherche