Hé ! Bonjour, Madame de Lapine
Que vous êtes jolie !
Comme vous me semblez belle !
Sans mentir, si votre bavardage
Se rapporte à votre pelage,
Vous êtes le phénix des cunniculi de ces Pâques
Chaouen est une ville bleue comme un rêve.
Il faut le voir pour le croire. C’est une ville-artiste, qui pose du bleu partout, de manière méthodique, frénétique, poétique, organisée, désorganisée, absurde, splendide. Du bleu-blanc, du bleu-vert, du bleu-jaune, du bleu pâle, du bleu turquoise, du bleu outremer, du bleu pétrole, du bleu pétant, du bleu sale, du bleu propre, du bleu-dédale à se noyer dedans, du bleu joyeux et enivrant, du bleu reposant – du bleu sur les portes, du bleu sur les murs, du bleu au sol, sur le carrelage, des petits carreaux de bleu, de larges coups de pinceaux de bleu, de la chaux baignée de bleu, avec le bleu du ciel posé tout au-dessus.
On est dans une cuvette entre de petites montagnes, l’air est sec, la mer est loin – c’est la méditerranée qui est le plus près, mais la route est serpentine et peu commode. Le haschisch y trouve sa terre de prédilection, les étrangères aussi, qui se marient sur place et ne veulent plus repartir, paraît-il. La famille entière d’une jeune Japonaise a fait le déplacement en délégation pour tenter de la ramener à la raison, mais elle nage dans le bleu, elle a trouvé son lieu, vous ne pouvez pas comprendre.
Les touristes y sont encore rares, et les habitants ou visiteurs qu’on croise au détour d’un mur bleu sont comme dilués dans une tranquillité qu’on ne ressent qu’ici. Est-ce la magie de la couleur qui opère ? Le temps en est imprégné. Un temps bleu, dirait-on.
Je joins une photo, fade tentative en 2D de reproduction d’une ville-couleur qui se vit dans ses quatre dimensions. Car il faut s’y perdre pour le croire.
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