Une maison mobile pour des mots de moi, de vous, qui ferez trois p'tits tours et vous en irez, après avoir mis trois p'tits mots si vous en avez envie
Je suis une chose bizarre, un entre-là - las - de paradoxes.
Je n'ai pas d'âge. Des peurs de toute petite fille, des embarras parfois, et cette façon d'être revenue de tant, de vieillarde.
Des fulgurances de désirs, s'accrocher à ça, lever la tête de ce mur qu'est le temps aujourd'hui, gris et uniforme, une lumière qui ne bouge pas, la même à 14h et à 20.
Les gens vivent autour. Construisent des bébés, des maisons, des unions des désunions.
Et moi je suis cette chose bizarre, androgyne, des angoisses comme des haussements d'épaule, une hystérie, une atonie.
Immobile avec ses envies de grands voyages. De soupes phô, d'enchiladas, de poulet yassa.
Et son verre, ici, de bicarbonate de soude.
Percer la nausée. Adoucir les odeurs. Vider la poubelle et balayer les poils, les traces de mouvement.
Des passés conditionnels. Des futurs antérieurs. Et un présent qui file, sur le fil, qui n'a pas de couleur, pas même de vent. Il est 20h28. Dimanche. Septembre est commencé. L'été s'en est allé. Sans émotions il est passé, à peine quelques crevées de chaleur pour raviver la sensibilité. De l'eau salée furtive, comme dans la chanson de Gainsbourg, fschuit, je prends la fuite.
Les tictacs bercent, rassurent. Oui, il y a le temps qui passe et son rythme est immuable.
C'est pourquoi j'aime aussi entendre mon chien ronfler.
Revenir dans cette sensation du temps, sauter hors de cette sphère de la pensée, plonger dans la vie, dans les gens, avec, parmi, dedans. Regagner des galons de naturel. Traverser la barrière de verre, ce miroir sans tain sans teint et sans temps.
Oui, Muse, Muse, Muse. Live.