Ici l'hiver est bâtard.
J'aime cette impureté - tout et son contraire mêlés, à n'y plus rien comprendre, à se contenter de choisir, je prends l'hiver, je mets quand même une petite robe, je dégivre mon pare-brise, mais j'ouvre la vitre en grand, puis mon parapluie, et finalement on fait c'qu'on veut.
Le chauffagiste surchauffe le chauffage, dans les bureaux c'est le four, et dehors on respire, fumer à la fenêtre, histoire d'en prendre un bol, de cet air coquettement hivernal. Novembre est bientôt fini (tu te souviens Corinne quand il a commencé ?). Les marchés de Noël montent leurs planches de bois, mais ici pas de gâteaux aux épices : du punch, du rhum, de la musique martiniquaise. On n'est qu'à Bordeaux, ni plus haut ni plus bas, entre les deux, ya plus d'saisons con, et voilà que certains courent en short à onze heures, quand la nuit est presque à son milieu et que je fais des tours dans la campagne vert foncé, la lune encore pleine à fond les ballons au-dessus des arbres, et Roberto Fonseca à fond la caisse dans les oreilles, c'est l'hiver ? pas l'hiver ? c'est un film ? une fantaisie ? un roman ? une mélodie ? ses variations...
La lune... peut-être que tout est sa faute.