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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 08:00

 

LaVieDuneAutreDeghelt.gif

 

 

 

Ce roman de Frédérique Deghelt est simple, son style rapide, peut-être un peu trop pressé, à la manière de ces textes d'aujourd'hui qui semblent viser la rentabilité, l'efficacité. Si je ne suis pas familière de ce type d'écriture, je reconnais tout de même que cette efficacité est atteinte, que le suspense tient son lecteur, que dès les premières lignes je n'ai plus lâché l'ouvrage.

Car derrière ce procédé de mise en haleine, certaines perles se cachent à travers le cheminement de la narratrice qui du jour au lendemain, a perdu la mémoire des douze dernières années de sa vie. Et pas les moindres : celles du passage de la jeune femme célibataire, en quête d'un "vrai" travail, d'une "vraie" relation amoureuse, à la femme mariée et mère (de trois enfants, excusez du peu), installée dans une existence confortable de parisienne (grande)bourgeoise.

A contre-courant de l'aveu attendu de cette amnésie, elle entreprend dans la solitude de son décalage, de comprendre. Puis elle saisit justement qu'il vaut mieux commencer par s'installer dans sa nouvelle vie, épouser son rôle de mère, le passé qui fait son présent. Le roman est donc construit comme une quête (aux allures d'étrange) - une quête de soi. L'amnésie s'impose alors comme l'allégorie de l'introspection. En effet, quelle meilleure position, pour se (re)connaître, pour se (re)trouver, que celle de l'étranger à soi-même ? La technique voltairienne ou de Montesquieu, utilisée au siècle des Lumières, du regard de l'étranger, colle à merveille à l'introspection sur le mode psychanalytique quand elle est utilisée avec l'intelligence d'une Frédérique Deghelt. Il s'agit d'une enquête véritable, avec carnet, crayon, fouilles dans les photographies, les agendas, et ruses oratoires de façon à en révéler le minimum pour en apprendre le plus possible.

Enfin si certaines positions - par la rapidité avec laquelle elles sont traitées - n'installent pas véritablement dans l'émotion, il en est d'autres qui semblent plus profondes, plus vraies, notamment ces lignes sur la maternité. Du jour au lendemain l'héroïne se retrouve maman, elle ne connaît pas ces enfants tous conçus durant la période effacée de son souvenir. Pour les petits, en revanche, rien de nouveau, et ils donnent à voir à celle qui est restée au stade de sa solitude égotiste de 25 ans, ce que c'est que d'être mère.

Je n'ai pas encore terminé le roman, mais un mot aussi sur les lignes en rapport avec le théâtre, avec cette superposition habile des plans du réel, de la fiction, de la comédie. L'écriture y trouve sa place comme le jeu de l'acteur, autant de prétextes bien trouvés à quelques belles lignes de l'auteur.

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