Une maison mobile pour des mots de moi, de vous, qui ferez trois p'tits tours et vous en irez, après avoir mis trois p'tits mots si vous en avez envie
Etrange association me direz-vous, ne serait-ce qu'au niveau des instruments... encore enrichie par la diversité historique et géographique du répertoire interprété pendant cette soirée au Théâtre des Quatre Saisons à Gradignan. Chants médiévaux et contemporains de France, Syrie, Argentine, Italie, Egypte, Brésil et la liste est encore longue.
Le point commun à ces morceaux est dans le titre du spectacle. Mais surtout le travail des artistes contribue à créer une harmonie incroyable, ce que ne vient aucunement gâcher leur évidente complicité.
Une émotion folle se dégage de cette musique, à peine illustrée par quelques images projetées dans le fond de la scène. Le chant ténor de Bruno Bonhouse, souvent en ancien français, pourrait surprendre voire dénoter quand il se superpose à la voix profonde, toujours en arabe, de Kamilya Jubran. Et pourtant après quelques morceaux l'alternance devient harmonie pure et on se laisse complètement porter par mélodies et rythmes.
J'ai annoncé cet article en ne nommant que Kamilya Jubran... Je n'ai pas pu m'empêcher de la mettre en exergue car elle m'a fait une impression très forte. Avec son aoud (une femme luthiste, c'est aussi rare que c'est beau) qu'elle manipule en virtuose. Avec son élégance sobre et un peu masculine et dans le même temps justement, une féminité franche, absolue, se dégage de cette présence. Avec sa voix qui glisse dans les graves, dans les aigus... avec ses chants où l'on hésite entre battre la mesure, sourire et pleurer...