Cet article aurait bien sa place dans la catégorie "articles qui ne servent à rien".
Mais j'ai tellement aimé ces façades, puis cette photo, et de manière générale dans cette ville à la fois très américaine et humaine et douce, oui, la quantité de choses qui te rentrent par les yeux - les pictogrammes, les tags, les graffs, les pancartes, la signalisation, les feux, les écrans géants, défilant à une vitesse incroyable, les devantures, les enseignes, les dessins, les photos, à chaque pas devant toi - que je devais publier cette image.
Il s'agit de la façade vitrée de l'Opéra de Toronto, représentant les visuels des spectacles de la saison, et devant lesquels, bien sûr, la vie de la rue court les rues.
A chaque fois que je passais devant, cela me rappelait à quel point les belles images sont belles, tautologie sur laquelle j'insiste délibérément. Le beau te parle te happe et ce qui te rentre par les yeux y reste, tu le gardes intensément, profondément. Photographie, souvenir ou empreinte inconsciente, intact ou transfiguré en ce qui n'est plus qu'une émotion floue...
Et, oui, ces "activités de l'image", ceux qui fabriquent ce que tu vois, sont à vocation toujours forcément artistique, une voix, une puissance dans la voix, qui ont tant à transmettre, une mine d'or entre les mains, une obligation de l'exploiter, cette mine, qui a tant à donner, ou une grande main qui peut t'en envoyer une en pleine gueule.
Voilà, ces visuels, je me délectais à les regarder et le dernier jour, à bord du streetcar, je les ai volés à la tire dans mon appareil, et dans le lot il y a eu celle-là, Ariane à Naxos, coupée de tous ces panonceaux si typiquement torontois.
Peut-être qu'elle ne parle qu'à moi... mais bon, on la partage.