Ce qui est à saluer, dans ce roman d'Emmanuel Carrère, c'est la distance.
C'est triste (à en pleurer, ou à en ravaler ses larmes, à en être touché du moins, forcément, à une page ou une autre) mais, le sujet n'est pas là. Il est dans la contemporanéité qui réconcilie avec le roman contemporain, dans le roman qui s'écrit en même temps qu'il se déroule, dans cette écriture sur l'écriture, dans cette distance que prend ce je plusieurs fois incarné (à la fois personnage, narrateur et auteur) et qui se dénonce, qui fait son autocritique et s'assume.
Pour oser écrire si vrai il se justifie, et ça sonne d'autant plus vrai. On est dans le réel le plus prégnant, le plus poignant, qui ne peut que surgir devant un style qui sait s'effacer par sa qualité. On est dans le roman comme dans la vie, on goûte le roman avec toute l'amertume que peuvent y charrier la vie, ses injustices. On en sort différent, je pense. Et d'autant plus accro à la littérature.
4e de couverture :
A quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari.
Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire ? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour.
Tout y est vrai.